Adelfo, piscines naturelles et jardins secs

Baignade biologique

Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est une piscine naturelle ?

Les piscines naturelles, appelées aussi baignades naturelles, écologiques ou biologiques fonctionnent toutes en utilisant des processus naturels d'épuration de l'eau à partir de végétaux, de microorganismes,...se développant sur divers supports minéraux adaptés (roches volcaniques, graviers...).

Piscine naturelle, biologique, bassin écologique, de baignade naturelle...Tous ces termes désignent la même chose ?

Plusieurs concepts de piscines naturelles (écologiques, biologiques...) existent actuellement, avec des techniques parfois assez différentes et plus ou moins sophistiquées.
Certains recréent l'équilibre naturel d'un étang ou d'un lac et proposent une baignade au coeur de cette nature reconstituée.
D'autres séparent la partie baignade de la partie régénération et filtration de l'eau...ainsi la vie aquatique ne perturbe pas les baigneurs et inversement.
Dans tous les cas, si la conception du procédé de départ est bonne et si sa mise en oeuvre est bien respectée, vous vous baignerez dans une eau limpide et cristalline.
La nature a mis des millions d'années « à mettre au point » ces processus naturels d'épuration. Restait à l'homme à observer et comprendre ces processus pour mettre en place toutes les composantes permettant à cette épuration naturelle de fonctionner correctement.

Pourquoi faut-il filtrer l'eau ? Comment se déroule la filtration ?

Toutes les baignades naturelles ne filtrent pas l'eau. Il est selon moi nécessaire et indispensable de filtrer l'eau après les phases de décantation et de régénération, afin d'obtenir une eau dégagée des particules fines et des nutriments (éléments minéraux nourriciers).
Plusieurs procédés existent selon les concepteurs, mais tous font appel à des minéraux type pouzzolane ou graviers ou autre. Les procédés mis en oeuvre sont quant à eux plus ou moins performants.

Vous présentez des bassins où l'eau est issue de la récupération de l'eau de pluie. Au delà du caractère « écolonomique » de cette solution, quels sont les autres intérêts d'utiliser l'eau de pluie ? Et s'il ne pleut pas, je ne peux plus me baigner ?

Les économies d'eau sont primordiales et l'eau de pluie est stockée dans un bac de réserve associé au fonctionnement du système qui permet de compenser l'évaporation jusqu'à la prochaine pluie. On prévoit en général une réserve pouvant tenir au moins un mois.
En cas de sécheresse prolongée, c'est le réseau qui permet l'appoint momentané.

Quelles sont les autres sources d'eau « autorisées » pour alimenter le bassin ? Eau du réseau ? Eau d'un puits ?

Toutes les eaux sont utilisables si après analyse elles ne présentent pas d'inconvénients majeurs (présence de nitrates, pathogènes divers,...). L'eau du réseau perd son chlore rapidement par évaporation dans l'atmosphère.

Un système de chauffage « écologique » de l'eau peut être installé ? (solaire thermique, PAC...)

Oui, mais il faut veiller à démarrer et arrêter le chauffage progressivement, surtout en début et fin de saison, afin d'éviter de trop fortes amplitudes thermiques qui déséquilibreraient la vie aquatique (attention aux chocs thermiques sur les plantes, les micro-organismes, les insectes et les batraciens).

Une piscine naturelle...couverte. C'est une aberration ?

Oui par définition, une piscine naturelle doit rester à ciel ouvert puisque celle-ci est en phase avec son environnement. On peut pourtant imaginer une piscine naturelle totalement abritée et chauffée, il faut alors adapter les plantes et animaux à ce milieu artificiel (milieu tropical). Ce n'est alors plus très écologique, ni très durable et naturel... et se poserait alors le problème de certaines maladies du type de la Bilharziose qui se développe dans ce type de milieu sans hiver froid.

Quelles sont les contraintes d'entretien tout au long de l'année (nettoyage, entretien des plantes de l'étang, présence d'algues...) ?

Une piscine naturelle bien conçue au départ (selon un procédé éprouvé) et correctement mise en oeuvre suppose un entretien limité. Il n'y a alors pas de présence d'algues et deux à trois passages de robot dans la partie baignade suffisent à son entretien hebdomadaire, en saison uniquement. Un brossage des parois et des marches d'accès, afin de limiter l'aspect glissant, peut être utile tous les 8 jours en saison, si votre robot n'est pas prévu pour nettoyer les murs. Un nettoyage annuel par faucardage des plantes en fin de végétation (hiver) est nécessaire. Un grand nettoyage du bassin de baignade au printemps (enlèvement des feuilles mortes, etc...) est également nécessaire avant la remise en fonctionnement du système.
Pour les personnes plus délicates, la suppression des fleurs fanées peut être utile.

Des erreurs à ne pas commettre dans la création d'une telle piscine ?

Elles sont très nombreuses et impossible à énumérer. C'est réellement un métier et de nombreuses personnes qui pour faire de économies de bouts de chandelles se sont lancées dans l'aventure se retrouvent aujourd'hui avec des piscines naturelles qui ne fonctionnent pas (présence d'algues ou d'eau verte...) et un investissement conséquent sur les bras.

En comparaison d'une piscine traditionnelle, le bassin naturel va-t-il présenter un surcoût important ?

Le coût d'installation d'une piscine naturelle est plus élevé qu'une piscine classique, sa mise en oeuvre étant plus lourde et complexe...les économies se feront sur le fonctionnement.

Réalisez-vous des systèmes d'assainissement des eaux grises de la maison en phytoépuration ?

J'ai déjà réalisé ce type d'installation pour des amis, mais ce n'est pas mon coeur de métier.

Pouvez-vous nous expliquer comment cela fonctionne ? Peux-t-on envisager de traiter tous les rejets d'eaux usées d'une habitation de cette façon ? Est-ce légal ?

Cela repose sur les mêmes principes théoriques que pour une piscine naturelle, mais avec un traitement différent et adapté à des eaux beaucoup plus chargées. Cela est légal et obligatoire pour des maisons individuelles qui ne peuvent pas se brancher sur un réseau d'assainissement collectif. Il faut alors s'adresser au SPANC (Service d'Assainissement Non Collectif) dont dépend votre mairie.

Jardin sec et rocaille sèche

Pouvez-vous nous parler de quelques plantes qui ornent vos jardins secs ? Vos préférées par exemple ?

Elles sont très nombreuses et varient quelque peu en fonction du lieu, de son altitude, de la nature du sol, de sa topographie, de l'exposition,... Les nombreuses espèces de Cistes, d'Helichrysum, de sauges, de lavandes, d'euphorbes, etc... et l' Aphyllanthes de Montpellier, la Catananche, ... pour ne citer que quelques exemples qui me viennent à l'esprit.

Y-a-t-il des régions de France où ce type de jardin n'est pas envisageable à cause du climat ?

Les mêmes techniques peuvent être mises en oeuvre pour limiter l'apport d'eau (technique spécifique d'arrosage, paillages, etc...), mais le choix des végétaux est nécessairement bien différent. Cette technique reste en effet assez spécifique et adaptée à des végétaux qui ont développé dans leurs gènes des stratégies de résistances à des périodes prolongées de manque d'eau.

Au-delà du faible besoin en arrosage, quel est l'entretien courant d'un tel jardin ?

L'entretien ne peut pas être supprimé complètement. Ici nous avons à faire à un entretien très limité qui est de 3 à 5 fois moins onéreux en temps qu'un jardin classique. En dehors des arrosages de première année pour favoriser l'installation en profondeur du système racinaire (un arrosage très copieux tous les 10 à 15 jours est nécessaire), il peut être utile de couper les fleurs fanées, de tailler ou « pincer » les arbustes pour qu'ils conservent une forme correcte, de recéper les plantes vivaces dont la partie aérienne disparaît en hiver... et de suivre les éventuelles herbes « indésirables » qui auraient réussi à se glisser dans vos plantations. Et puis surtout regarder et observer encore et toujours pour comprendre comment votre jardin évolue et accompagner son évolution comme vous le feriez pour un enfant, avec tout votre bon sens.

Quelles sont les roches adaptées à la réalisation d'une rocaille sèche ?

Uniquement des pierres locales. Il est indispensable se s'inscrire dans l'identité du lieu. Un beau paysage n'est pas un « déballage » de plantes exotiques, de matériaux colorés,... Un beau jardin sait s'inscrire dans son milieu naturel avec une petite touche supplémentaire de couleurs et de volumes certes, mais toujours en relation et donc en harmonie avec l'ensemble.

Aménagement d'espaces naturels 

Vos photos « avant-après », présentées sur votre site, montrent comment vous savez embellir un espace, le rendre convivial et paisible tout en respectant l'espace naturel originel. Ces photos nous ont fait rêver !
Comment trouvez-vous l'équilibre entre le respect des éléments naturels et l'intervention humaine qui le modèle ?

Il faut savoir rester « sobre » et ne pas se laisser emporter par l'envie d'être trop démonstratif, de faire du « tape à l'oeil »... C'est un travers que nous avons tous et que nous devons apprendre à gérer. L'équilibre et la sérénité d'un jardin sont me semble-t-il à ce prix.

Quel est le délai moyen entre le moment où vous prenez connaissance du lieu sur lequel vous allez intervenir et celui où le client « réceptionne » son nouvel espace ? Quelle sont les étapes qui jalonnent un tel projet ?

Après avoir rencontré mes futurs clients et avoir pris connaissance du lieu à aménager, non sans avoir longuement discuté avec eux de leurs besoins et envies, je commence toujours par un projet. Celui-ci comporte un plan de masse à l'échelle, plusieurs simulations photographiques (avant/après) qui permettent au client de visualiser ce que sera son jardin après intervention, des recommandations techniques d'entretien, la liste des végétaux proposés.
Pour la réalisation, le délai varie en fonction des chantiers et des impératifs des différents corps de métier qui interviennent. En général cela se fait en 3 à 6 mois maximum, parfois plus selon l'ampleur des travaux.

Et pour la suite ?

Participerez-vous cette année à des événements (salons, foire-expo, conférences...) où les gens pourront vous rencontrer ?

Non, je n'ai pas vraiment le temps d'intervenir sur des salons ou foires.
Par contre j'organise chaque année en juin des journées portes ouvertes piscines naturelles.
Les personnes intéressées peuvent me le faire savoir pas mail et je les inviterai à ce moment là.

Comment envisagez-vous l'avenir de votre entreprise ? Quelles sont vos perspectives ?

Je ne fais pas de plans sur la comète et je laisse venir les choses. Travailler seul présente des avantages et des inconvénients. Si j'ai le besoin et l'opportunité d'embaucher ultérieurement, je le ferais peut-être.

Une vision sur notre société à venir dans son engagement vers un plus grand respect de la nature ?

Je ne voudrais pas jouer les « préchi précha », mais il faudra bien que nous nous résolvions à comprendre que notre intérêt à tous, est du côté d'un plus grand respect de notre environnement commun. Comme pour la création d'un jardin, il faut savoir rester « sobre » et ne pas se laisser emporter par nos tendances boulimiques.
Et si notre travers consumériste actuel a du mal à s'inverser, qu'au moins nous consommions plus en phase avec la nature.